Le 23 juin, le gouvernement annonçait la fermeture brutale du robinet de MaPrimeRénov’. Cela pour deux raisons principales. La première, c’est l’explosion des demandes qui ont triplé en 2025 par rapport à l’année précédente. Le budget pour l’année, qui s’élève à 3,6 milliards d’euros, était en passe d’être dépassé en neuf mois seulement. Le seconde, c’est la multiplication des dossiers frauduleux. En 2024, les services de l’Anah en avaient dénombré 44 000, pour un total de 230 000 millions d’aides demandées. Au moment de la fermeture de la plateforme, 16 000 dossiers suspects étaient encore à l’étude. L’objectif de cette pause était donc à la fois de revoir les conditions de financement, pour préserver le budget global et de faire la chasse aux profiteurs malhonnêtes.
Précisons que le gouvernement a dû faire machine arrière pour les rénovations par geste simple (une ou deux actions de rénovation en même temps), afin de préserver les artisans du bâtiment.
Les décrets concernant les nouvelles modalités applicables à MaPrimeRénov’ sont parmi les dernières signatures de François Bayrou en tant que Premier ministre. Ils sont parus au journal officiel le 9 septembre, au lendemain de la chute du gouvernement. Ces textes, tout le monde les attendait avec impatience. Ils comportent quelques bonnes nouvelles et pas mal de restrictions. Les plus optimistes se rassurent en constatant que le dispositif MaPrimeRénov’ reste active pour l’année 2026. Cela aurait pu ne pas être le cas, au vu des économies à réaliser sur le budget national.
Mais personne ne peut ignorer que les aides à la rénovation en France vont subir un large coup de rabot. Les rénovations accompagnées, celles qui comprennent au moins trois actions différentes et qui sont soumises à l’intervention d’un accompagnateur Rénov’ seront moins aidées et les aides seront beaucoup plus ciblées. Et, d’autre part, deux actions très fréquentes en rénovation, l’isolation des murs et l’installation d’une chaudière biomasse, ne seront plus éligibles dans le cadre d’une rénovation par geste.
La rénovation d’ampleur continuera à être éligible aux aides de l’État. Mais force est de constater que les subventions seront à la fois plus ciblées et plus modestes. Il reste plus de 60 000 demandes d’aide en cours d’examen auprès de l’Anah. 35 000 subventions ont déjà été accordées depuis le début de l’année. Le budget de 3,6 milliards pour 2025 est déjà quasiment dépensé. L’objectif des 100 000 rénovations annuelles atteint. Le nombre des nouvelles demandes d’aide sera donc limité à 13 000 d’ici à la fin de l’année. Elles seront, pour la plupart, affectées au budget 2026.
Restriction de taille : dans un premier temps, seuls les ménages ayant des revenus « très modeste » pourront effectuer une demande. Pour rappel, en 2025, pour entrer dans cette catégorie, un foyer comprenant quatre personnes et vivant en dehors de la région parisienne, ne devait pas dépasser 35 285 € de revenus annuels. Si, dans le futur, les ménages aux revenus intermédiaires peuvent de nouveau avoir accès à l’aide, elle ne pourra plus couvrir que 45 % des travaux et seulement 10 % pour les revenus supérieurs.
Le type de logement éligible, lui aussi, se restreint après les décrets du 9 septembre. Depuis la réouverture de la plateforme MaPrimeRénov’, le 30 septembre, seuls les logements classés E, F ou G peuvent ouvrir droit à une subvention. Pour les autres, les propriétaires devront assumer seuls le coût de leurs travaux de rénovation et ce, quels que soient leurs revenus. De fait le bonus de 10 % en cas de sortie de l’état de passoire énergétique disparait.
Mais ce n’est pas tout. Les plafonds de montant des travaux sur lesquels sont calculées les subventions sont très nettement abaissés. Le pourcentage d’aide (lié au niveau de revenu), était auparavant appliqué sur une enveloppe maximale de 70 000 € de travaux. Ce ne sera plus que 40 000 € pour les travaux permettant de gagner trois classes et seulement 30 000 € pour ceux qui n’en feront gagner que deux.
L’autre volet de mesures qui s’appliquent depuis la réouverture de la plateforme concerne la lutte contre la fraude. Après étude, sur les 16 000 dossiers suspects au moment de l’interruption du service, 5 000 se sont révélés frauduleux. Une commission de sanction unique s’est installée au sein de l’Anah. Et, surtout, c’est désormais au niveau local que se décident les agréments Mon Accompagnateur Rénov’ et non plus au niveau national. Ces derniers devront être en mesure de justifier qu’ils sont réellement en capacité d’intervenir sur le territoire.
Les aides aux rénovations par geste vont, elles aussi, se voir très nettement diminuées. A partir du 1er janvier 2026, en effet, il ne sera plus possible de financer l’isolation de vos murs avec l’aide de MaPrimeRénov’. Ce type de travaux, selon Effy, une société spécialisée dans les travaux de rénovation énergétique, représente plus d’une demande sur dix. Il en va de même pour l’installation d’une chaudière biomasse à bois ou à granulés, qui sort du champ de MaPrimeRénov’.
Le gouvernement de François Bayrou ne faisait pas mystère de l’objectif de ces coupes. Il s’agit bien, comme l’indique le texte de présentation de « permettre une maîtrise de la dépense publique ». En clair, de faire des économies.
Notons qu’il sera toujours possible d’obtenir des subventions pour ces travaux, mais seulement dans le cadre d’un projet accompagné.
On pourra se consoler en se disant que l’isolation des combles et des sols, ainsi que le chauffage biomasse au poêle restent éligibles à la MaPrimeRénov’.
Il faut le signaler, ce puissant coup de frein aux aides à la rénovation énergétique n’entraîne pas de diminution du budget global de MaPrimeRénov’. Lors de la présentation de ce plan, au cours de l’été, le gouvernement Bayrou proposait de reconduire l’enveloppe MaPrimeRénov’ de 2025 à l’identique pour 2026, à hauteur de 3,6 milliards d’euros. Cette relative bonne nouvelle doit cependant passer le cap de la discussion budgétaire. Mais diminuer cette dotation obligerait sans doute à se montrer encore plus restrictif sur les conditions d’accès à ces aides et sur leur montant.
Deux mesures de simplification viennent compléter les évolutions actées par les décrets du 9 septembre. Elles concernent toutes les deux les rénovations par geste. A partir du 1er janvier 2026, il ne sera plus nécessaire de réaliser un DPE pour pouvoir déposer une demande d’aide dans le cadre d’une rénovation simple. Vous n’aurez donc plus l’obligation de présenter le fameux diagnostic pour obtenir une subvention sur la pose de vos fenêtres à double vitrage.
Autre aménagement, il sera désormais possible de faire subventionner une action concernant l’isolation sans engager dans le même temps des travaux sur son système de chauffage. Auparavant, les deux domaines devaient être associés pour ouvrir droit à une aide.
Ces deux mesures sont évidemment les bienvenues, mais elles ne pèsent pas bien lourd, au regard des restrictions d’ores et déjà actées par les décrets du 9 septembre. L’aide à la rénovation énergétique vient bel et bien de connaître un violent coup de frein.
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