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Airbnb : quel impact sur l’immobilier ?

Les locations Airbnb ont un impact fort sur le marché de l'immobilier

Quel est l’impact des locations Airbnb sur le marché de l’immobilier ? Pour beaucoup d’élus et de professionnels, cela accroît la tension sur le marché locatif et certains voudraient les limiter.

Cela fait un moment que les élus locaux et les parlementaires se sont emparés du sujet des locations de type Airbnb dans les villes et les villages de France. Après des prises de position publiques de maires concernés et plusieurs actions localisées, des députes issus de plusieurs partis politiques avaient déposée une propositioin de loi en mai dernier à l’Assemblée nationale. Elle avait été repoussée sine die avant même d’être discutée en commission. Le texte, porté par la députée Renaissance Annaïg Le Meur et le socialiste Iñaki Echaniz, est revenu devant les députés au début du mois de décembre. Mais les élus LR et RN se sont opposés à son examen simplifié et ont fait leur possible pour en retarder l’adoption. Conséquence : la loi n’a pas pu être votée lors de la session parlementaire 2023. Elle devrait revenir devant la représentation nationale en ce début d’année. 

Jusqu’à 1 million de logements

Le phénomène de la location saisonnière, principalement via la plateforme Airbnb n’a cessé de s’amplifier au cours des dernières années. Les chiffres varient selon les sources, mais on estime le nombre de locations proposées aujourd’hui en France dans une large fourchette comprise entre 750 000 et 1 million.

Ce sont naturellement les zones les plus touristiques qui sont les plus concernées mais, de fait, on en trouve à peu près partout sur le territoire. Il y en a environ 45 000 à Paris et près du double sur l’ensemble de la région parisienne. Des villes comme Tours, Poitiers ou Blois en recensent également plusieurs centaines. Selon AirDNA, qui analyse les statistiques de la location saisonnière de courte durée en France, Airbnb et Abritel ont cumulé 86 millions de nuitées en France en 2022, soit une augmentation de 29 % par rapport à 2021. La même année, les hôtels ont totalisé un peu moins de 212 millions de nuitées en France.

Quels effets sur le marché ?

Cette explosion du nombre de locations saisonnières meublées n’est pas du tout neutre sur le marché de l’immobilier. Logiquement, un logement sur Airbnb, c’est un logement en moins sur le marché de la location longue durée. Cela réduit donc l’offre de logements disponibles à la location, par exemple pour la population étudiante dans les villes universitaires. Mais, plus globalement, cela rend encore plus tendus des marchés locatifs déjà souvent sous pression. On le sait, de nombreux acquéreurs potentiels sont actuellement obligés de rester en location car ils n’ont pas la possibilité d’acheter. Airbnb, selon les élus concernés, renforce cette crise du logement dont on parle tant.

Autre effet majeur : des centres-villes touristiques qui se vident de leur population sédentaire. Perte d’identité, mais aussi diminution de l’activité sociale et économique, cela modifie en profondeur le profil des villes concernées.

Erreur ou acte manqué ?

Lors du vote du budget  2024, des sénateurs ont déposé un amendement visant à réduire à 30 % en zone tendue, avec un plafond de recettes abaissé à 15 000 euros et 50 % en zone rurale, l’abattement sur les locations meublées saisonnières. Il est actuellement de 71 % au maximum et le gouvernement voulait le réduire à 50 %. Or, cet amendement n’a pas été retiré lors de l’adoption du texte grâce au 49.3. Officiellement, à cause d’une « erreur technique » qui pourrait être prochainement réparée.  

Par ailleurs, tout en appelant à rester prudent, l’ancien ministre du Logement, Patrice Vergriete, disait soutenir « une réforme de la fiscalité locative des bailleurs privés ».